La
littérature d’Irlande est une littérature
de langue gaélique (langues celtiques)
ou de langue anglaise produite par des écrivains d'origine irlandaise
qui gardent des attaches avec la vie et la culture irlandaises. Quelques
exemples : Swift, Jonathan; Goldsmith, Oliver; Sheridan, Richard Brinsley;
Shaw, George Bernard; Wilde, Oscar; Joyce, James; Drame et art dramatique;
Anglaise, littérature.
Les XVIIIe et XIXe siècles : littérature irlandaise en anglais
Les débuts de la littérature
irlandaise de langue anglaise coïncidèrent avec le déclin
de l'emploi du gaélique écrit et parlé. Ce déclin,
qui commença vers la fin du XVIIIe siècle, était lié
au déclin politique des petits seigneurs irlandais face à
la puissance anglaise.
Les débuts de la littérature irlandaise de langue anglaise
La première littérature
irlandaise en anglais s'illustra surtout dans deux genres poétiques
: le genre pastoral populaire d'une part, le genre lyrique d'autre part.
La poésie pastorale et patriotique, pleine d'entrain et d'humour,
était écrite par des poètes anonymes issus de milieux
modestes. La poésie lyrique, plus raffinée, était
en revanche due à des poètes connus, tels que Thomas Moore,
l'auteur des Mélodies irlandaises (1807-1834), ou encore Gerald
Griffin (1803-1840), auteur notamment de textes d'inspiration fantastique.
Citons également Francis Sylvester Mahony (1804-1866), plus connu
sous le nom de Père Prout, qui fut l'auteur des fameuses «?Cloches
de Shandon?».
La littérature de langue anglaise au XIXe siècle
Dans la seconde moitié
du XIXe siècle, les œuvres patriotiques et lyriques dominèrent
la poésie irlandaise de langue anglaise. Des romans mi-sérieux
mi-comiques, caricaturant souvent les coutumes et le caractère irlandais,
devinrent un genre très populaire.
La poésie patriotique
et lyrique
Plus poussés par le
désir d'éveiller le sentiment national du peuple irlandais
que par des motivations esthétiques, certains poètes rédigèrent
des œuvres caractérisées par un langage flamboyant et des
sentiments fougueux, qui eurent une influence politique indéniable.
Nombre de ces poètes patriotes publiaient leurs œuvres dans la Nation,
un journal fondé en 1842 et voué tout entier à la
cause du nationalisme irlandais. Parmi ces poètes, signalons Thomas
Osborne Davis (1814-1845), Joseph Sheridan Le Fanu, mais aussi Jane Francesca
Elgee, mère d'Oscar Wilde, qui écrivit sous le pseudonyme
de Speranza. Parmi les auteurs qui s'illustrèrent dans le genre
de la poésie lyrique, les plus marquants furent James Clarence Mangan
(1803-1849), auteur de «Dark Rosaleen», sir Samuel Ferguson
(1810-1886), auteur de Congal (1872) et William Allingham (1824-1889).
La fiction protestante et catholique
Les Irlandais d'expression anglaise écrivirent un grand nombre d'œuvres de fiction au XIXe siècle. Les protestants traitaient de la vie irlandaise du point de vue de l'aristocratie ou de la petite noblesse anglo-irlandaise tandis que les catholiques racontaient la vie de la classe paysanne catholique.
Parmi les écrivains protestants, citons Maria Edgeworth (1767-1849), dont le Castle Rackrent (1800) fut l'un des premiers romans régionaux en anglais. Plus tard, lady Sydney Morgan (1776-1859), avec la Sauvage Fille d'Irlande (1806), et William Hamilton Maxwell, auteur de divers récits sur la vie militaire, évoquèrent le milieu paysan irlandais. Ce fut également le cas de Samuel Lover (1797-1868), auteur de Handy Andy (1842) et de Charles James Lever (1806-1872), auteur de romans picaresques, tels que les Confessions de Harry Lorrequer (1837) ou Jack Hinton (1843).
Parmi les auteurs de fiction catholiques, deux frères, John Banim (1798-1842) et Michael Banim (1796-1834), demeurent connus pour leurs romans, qui dépeignent la vie des paysans irlandais frappés par la pauvreté. Dans la même veine, Gerald Griffin se distingua comme l'auteur de The Collegians (1829), un roman dont l'intrigue se situe dans les classes moyennes irlandaises, et William Carleton (1794-1869) écrivit Fardorougha, l'avare (1839).
Les autres éminents
romanciers irlandais du XIXe siècle sont Joseph Sheridan Le Fanu,
qui écrivit Carmilla et Oncle Silas (1864), Charles J. Kickham (1826-1882),
auteur de Sally Cavanagh (1869), et Emily Lawless, auteur de Hurrish (1886).
La renaissance de la littérature irlandaise
La dernière décennie
du XIXe siècle fut le témoin d'une remarquable renaissance
de la littérature irlandaise, liée à un retour aux
sources gaéliques de la culture nationale. En contraste avec ceux
des œuvres antérieures, le ton et la thématique évoluèrent
vers une dévotion clairement formulée à la cause nationale.
Le tournant du siècle
Les principaux écrivains de langue anglaise qui participèrent à ce renouveau irlandais furent les poètes William Butler Yeats, George William Russell et Padraic Colum. Les principaux auteurs dramatiques de ce mouvement furent lady Gregory, John Millington Synge et Sean O'Casey (voir Abbey Theatre). À ces noms, il faut ajouter ceux du romancier et auteur dramatique George Moore (1852-1933) et du poète et romancier James Stephens (1882-1950).
Lady Gregory effectua des traductions remarquables d'épopées gaéliques dans Cuchulain de Muirthemme (1902)?; Douglas Hyde fit de même dans Folklore des Celtes d'Irlande (1890).
Les romanciers intéressants
de cette période furent Standish James O'Grady (1846-1928), auteur
de récits historiques, James Owen Hannay (1865-1950) qui, sous le
nom de plume de George A. Birmingham, produisit des romans humoristiques,
ainsi qu'Edith Anna Oenone Somerville (1858-1949) et Violet Martin (1862-1915),
deux cousines qui, sous le pseudonyme commun de Somerville and Ross, écrivirent
des livres de voyage, des livres pour enfants, et diverses autres œuvres.
Elles imaginèrent ainsi, dans un récit humoristique, la campagne
irlandaise vue à travers les yeux d'un anglais stupéfait,
et firent le tableau de la société aristocratique irlandaise
à la fin de l'ère victorienne.
La littérature du XXe siècle
Le renouveau littéraire
se poursuivit bien avant dans le XXe siècle. De nombreux écrivains
produisirent des œuvres remarquées. Parmi eux figure Sean O'Casey,
auteur de pièces telles que l'Ombre d'un terroriste (1923), Junon
et le paon (1924) et la Charrue et les Étoiles (1926), tableaux
réalistes de la vie dans les bas quartiers de Dublin. Il écrivit
également des textes sur sa vie, qui furent rassemblés sous
le titre Autobiographie (1939-1954). Critique et nouvelliste, Mary Colum
(1883-1957) écrivit également des souvenirs historiques et
personnels intéressants, parmi lesquels la Vie et les Rêves
(1947), où elle fait revivre les personnages et les préoccupations
de son passé. L'auteur dramatique Lennox Robinson (1886-1958), qui
fut aussi directeur de l'Abbey Theatre, publia également les souvenirs
de son combat pour le théâtre en Irlande (l'Abbey Theatre
d'Irlande, 1899-1950, 1951).
La prose
À la même époque, plusieurs nouveaux écrivains apparurent, parmi lesquels le romancier Liam O'Flaherty, auteur d'émouvantes histoires de la vie irlandaise comme le Mouchard (1925) et Famine (1937). Il convient de citer aussi Elizabeth Bowen, auteur de nouvelles et de romans pénétrants sur les relations entre les individus, et Edna O'Brien, une romancière populaire, de tradition catholique rurale. La plupart des romans et des nouvelles de cette dernière, pour beaucoup publiées dans le New Yorker, sont des explorations autobiographiques. Il convient de ne pas oublier Brian O'Nolan, connu sous le nom de plume Flann O'Brien, qui écrivit des romans comiques complexes et brillants comme la Kermesse irlandaise (1939-1960).
Parmi les nouvellistes irlandais,
l'un des plus remarqués fut Michael O'Donovan (1903-1966), connu
sous le pseudonyme de Frank O'Connor. Citons aussi William Trevor, à
l'origine William Trevor Cox, un nouvelliste et dramaturge qui évoque
de façon obsédante la vie moderne irlandaise, la solitude
et les désillusions. Bernard MacLaverty se fit également
un nom comme nouvelliste avec le court récit intitulé Lamb
(1980), histoire poignante des relations sans issue entre Brother, professeur
irlandais, et l'un de ses élèves.
Le romancier Sean O'Faolain
s'illustra également dans la biographie, l'essai littéraire
et la nouvelle; il est en outre l'auteur d'une autobiographie intitulée
Vive moi ! (1963).
L'un des plus grands écrivains
irlandais du XXe siècle, James Joyce, est aussi considéré
comme un personnage de premier plan de la littérature mondiale.
Expatrié, Joyce se tint à l'écart du renouveau irlandais,
mais tous ses romans ont pour cadre Dublin; l'auteur y explore en profondeur
le tempérament irlandais et l'environnement social de l'Irlande
dans les premières années de ce siècle.
La poésie
La figure dominante de la poésie irlandaise du XXe siècle fut William Butler Yeats. Ses œuvres continuèrent, après sa mort, de susciter une abondance de vocations poétiques. Les poètes catholiques Austin Clarke (1896-1974) et Thomas Kinsella se distinguent parmi un groupe de poètes lyriques et passionnés, mais parfois difficiles à aborder. Parmi les autres membres de ce groupe, retenons aussi Patrick Joseph Kavanagh (1905-1967), un iconoclaste caustique.
Dans les années 1980,
Seamus Heaney attira l'attention internationale par son œuvre originale.
Sa passion pour les images frappantes reflète les conflits tragiques
de l'expérience irlandaise?; elle se manifeste dans ses poèmes
courts et dans les cycles poétiques plus longs dont il est l'auteur,
et qui sont souvent des adaptations d'œuvres en gaélique du bas
Moyen Âge. Heaney est également l'auteur de textes de critique
littéraire très fins, ainsi que d'essais sur divers sujets.
Le théâtre
La vitalité traditionnelle du théâtre irlandais fut telle que de nombreux dramaturges de stature internationale sont originaires d'Irlande. Après Wilde et George Bernard Shaw, il faut naturellement citer Samuel Beckett. Ce dernier, comme Joyce, quitta l'Irlande pour vivre en permanence en France. Il résida à Paris, pour y créer sans discontinuer une littérature expérimentale qui est aujourd'hui parmi les plus influentes. Même s'il écrivit la plupart de son œuvre en français, il resta pourtant hanté par l'Irlande et se référa aux rythmes du parler irlandais.
L'œuvre ironique de Denis
William (1901-1984) et les écrits de Brendan Behan occupent également
une place importante dans le théâtre irlandais contemporain.
Ces dernières années, Brian Friel, auteur de Philadelphia,
here I come ! (1965), ainsi que de nouvelles, a repris les thèmes
d'introspection nationale caractéristiques de toutes les œuvres
irlandaises du XXe siècle.